Décès du professeur Jean-Michel Dubernard, pionnier des greffes

Adjoint au maire de Lyon de 1983 à 2001, il avait aussi été député de 1986 à 2007.

Le professeur Jean Michel Dubernard est décédé à la suite d'un malaise alors qu'il voyageait en famille en Turquie (Denis CHARLET / AFP)
Le professeur Jean Michel Dubernard est décédé à la suite d'un malaise alors qu'il voyageait en famille en Turquie (Denis CHARLET / AFP)

    Le professeur de médecine lyonnais Jean-Michel Dubernard, un des pionniers mondiaux de la transplantation, est décédé samedi soir en Turquie, a-t-on appris auprès d’un proche. Âgé de 80 ans, celui qui fut aussi député du Rhône a succombé à un malaise, survenu à l’aéroport d’Istanbul alors qu’il voyageait en famille, précise la même source confirmant une information du quotidien régional Le Progrès.

    Le professeur émérite a réussi la première greffe mondiale d’une main, en 1998, sur le Néo-zélandais Clint Hallam. Deux ans plus tard, il réalisait une nouvelle prouesse avec une greffe bilatérale des mains et avant-bras sur le Français Denis Chatelier. En 2005, il frappait un nouveau grand coup planétaire en participant à la première greffe partielle du visage (le triangle formé par le nez et la bouche) sur la Française Isabelle Dinoire, défigurée par son chien. En 2008, Jean-Michel Dubernard avait reçu le prix Medawar qui consacre les contributions exceptionnelles dans le domaine de la transplantation.

    Adjoint au maire de Lyon de 1983 à 2001, sous les mandats de Francisque Collomb, Michel Noir et Raymond Barre, il fut aussi député du Rhône de 1986 à 2007, sous l’étiquette RPR puis UMP. À l’Assemblée nationale, le médecin, auteur du livre « Sauver la Sécu » et d’une épaisse encyclopédie de la chirurgie, avait également cumulé les postes de président de la Commission des affaires culturelles et de premier vice-président de l’Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé.

    Après un passage à la Haute Autorité de Santé (2008-2017), où il a dirigé la Commission de la transparence qui évalue les médicaments ayant obtenu leur autorisation de mise sur le marché, il s’était retiré de la vie publique.

    «Faire avancer la médecine»

    « Ma seule motivation, c’est de faire avancer la médecine. Je le fais pour mes malades », confiait en 2005 au quotidien Le Monde ce chirurgien hors pair, urologue de formation, dont l’ambition était à la mesure de son talent opératoire. Né à Lyon le 17 mai 1941, Jean-Michel Dubernard avait fait toute sa carrière médicale dans la capitale des Gaules où il avait occupé le poste de chef du service urologie et transplantations à l’hôpital Edouard Herriot (1987-2002).

    Parallèlement professeur à l’université Claude Bernard Lyon I et chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, il est l’auteur de quelque 500 publications médicales internationales. « J’avais à peine 11 ans quand j’ai eu la vocation après une opération de l’appendicite et l’annonce de la première transplantation de rein (ndlr : à Boston, aux États-Unis) », expliquait au quotidien du soir ce bourreau de travail, grand amateur de rugby et de poésie à ses heures perdues.

    Docteur en médecine et en biologie humaine, formé également à la Harvard Medical School de Boston auprès du chirurgien américain Joseph Murray, Prix Nobel de médecine en 1990, Jean-Michel Dubernard - que ses proches surnommaient « Max » - avait réalisé avec succès la première transplantation européenne rein-pancréas en 1976.